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Le blog de Serge Métier

Elevage d'alaskan Husky. Randonnée en chien de traineau en laponie suèdoise. Le long de la plus grande piste de suède : la Kungsleden

Ammarnäs 2010

Publié le 10 Janvier 2010 par Serge Métier

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26 décembre 2009

 

Départ d'Ennetières à 3 h 30 du matin. Il gèle et les affaires dans l'auto sont prises par la glace. Les chiens ont séjourné une nuit chez mon frère à la stake out. Ils sont excités de partir. Nous aussi. Pourtant la fatigue est  là. Nous venons de fêter Noël avec la famille, et nous n'avons pas beaucoup dormi depuis 2 nuits. A peine 5 heures par nuit. Il faut cependant prendre la route.

Pas de problème particulier jusqu'à la frontière suédoise. Nous sommes contrôlés par les douaniers pour les papiers des chiens. Le passage nous est ouvert pour les aventures nordiques. Il ne reste plus qu'à atteindre l'hôtel de Jönköping en soirée afin d'y passer la meilleure nuitée possible. Nous y arrivons à 20 h, après le passage obligé au mac Donald. Les chiens sont sortis juste devant la patinoire. J'y ai mon emplacement quasiment réservé depuis toutes ces années où je viens ici.

 

27 décembre 2009

 

Levé à 4h45. Direction Stockholm. La route n'est pas évidente car une fine pellicule de glace recouvre le macadam. Je n'avance pas vite et on risque d'avoir une véritable galère à affronter ensuite. Déjà 1 heure de perdue sur l'horaire habituel, arrivé dans la capitale suédoise. Notre GPS de voiture nous indique une direction différente de celle prévue. Aussi, nous allons le suivre car la route est trop mauvaise. Et à vrai dire pour rouler sur une mauvaise route, autant faire la plus courte, surtout que nous allons gagner 70 km. Le noir tombe vers 15 h. -27 degrés sur la route. Les vitres de la voiture gèlent, et nous devons augmenter le chauffage de l'auto pour dégeler les carreaux.  Nous traversons Vilhelmina vers 20 h, c'est l'occasion de manger la spécialité culinaire suédoise, le hamburger avec ketchup et moutarde. De la haute gastronomie !

22h30, traversée de Sorsele. Le thermomètre est revenu vers des douceurs plus clémentes, -18 degrés. Nous croisons un superbe élan, puis juste derrière un petit troupeau de rennes. Minuit pile, nous arrivons à Ammarnäs. Nous passons sous le porche de bienvenu. Nous ne pouvons même pas y lire les inscriptions tellement la neige recouvre le panneau. Alain découvre le village en vitesse. Nous sommes pressés de rentrer pour dormir, car la fatigue est à son paroxysme. 60 cm de neige. Je dois quasiment nager dans la poudreuse pour aller accrocher ma chaine aux arbres pour y installer les chiens. La place est magnifique. Nous avons hâte de voir les pistes.

 

28 décembre 2009

 

Après 5 heures 30 de sommeil, nous devons nous dépêcher d'aller chercher la motoneige, car j'ai rendez vous avec le vendeur à 9 heures. En effet, il nous attendait. Une brève explication et nous voilà parti. Tout est prêt. Il ne me reste plus qu'à préparer le traineau, que j'ai réparé avant de partir. En effet, l'année passée, il avait craqué sous toutes les coutures. J'ai d'ailleurs profité de l'occasion pour y fabriquer une attache pour l'ancre à neige et la corde de sécurité. Cela va s'avérer génial par la suite. Nous ne sommes pas encore tellement en forme car 4 jours avec moins de 5 heures de sommeil, cela n'est pas facile. Aussi, nous pensons ne faire qu'un petit tour d'une vingtaine de kilométre. A peine sorti du loueur de motoneige, Alain s'enfonce dans la poudreuse avec son scooter. 25 minutes pour dégager l'ensemble et sortir du trou. Voici en avant première le début des difficultés. Nous savons à présent qu'il faut faire vraiment attention de ne pas partir dans la poudreuse avec notre engin motorisé.

Direction plein nord le long de la Kungsleden. Le froid a figé le lac devant notre habitation, aussi nous pouvons démarrer de là avec le traineau. Contrairement aux autres années passées ici, où il nous fallait prendre l'auto et la remorque pour prendre le départ à 3 km de la maison, Cette fois ci, plus aucune difficulté. J'attèle les chiens directement de la maison. Nous croisons quelques motoneigistes partis en randonnée. Certains s'arrêtent dans les refuges pour déjeuner les célèbres casses croutes d'Ammarnäs fait à base de Kaka (une sorte de pate à pizza) et de poissons fumés avec une sauce à l'aneth. Il ne faut pas oublier que cette nourriture est consommée glacée car, quelque soit le moyen pour la transporter, elle arrive congelée sur l'aire de pique nique. Nos friandises ( Mars et Snickers) en font la même expérience. Par ailleurs, impossible d'emmener avec nous un thermos d'eau. Elle arriverait gelée au port. 18 km de pistes réalisés.

 

29 décembre 2009

 

11 heures de sommeil enfin. Reposés. -31 degrés. Surprenant car à la télé, hier ils avaient annoncé neige et -15. Pas un nuage en vue. C'est l'occasion inespérée de faire un reportage photo. Alain va s'en charger. Je passe le harnais aux chiens. Le traineau ne glisse pas du tout car la neige est trop froide et il ne peut se faire une couche de glace sous les patins de façon à les faire glisser. Aussi, c'est une véritable râpe à pain que j'ai. L'attelage en entier a bien du mal de tirer tout ça. Nous pouvons traverser le grand lac en face du village afin de rattraper les pistes qui partent sur le lac Bertejaure. Ces pistes sont nombreuses et c'est parfois un labyrinthe. A peine avoir rejoint la fameuse cabane de "Jack Brouez", nous voici perdu. Alain tente bien de passer dans la poudreuse au hasard, car nous ne savons où aller. Mal en fait, car le voici empêtrer dans 60 cm de poudreuse, et impossible de décoller le scooter des neiges. J'accroche aux arbustes mon équipage. Heureusement que j'ai pris des cordages pour cela. Une sorte de sixième sens m'avait prévenu à l'avance. 1 heure nous a fallu pour nous dégager. Comme la nuit tombe, il nous faut faire demi tour. Les glaçons pendent à la moustache de mon frère. Nous sommes glacés. Mon visage est pris par le givre et mes sourcils sont blancs. Parfois j'ai les paupières qui viennent se coller ensembles. J'ai bien du mal à ouvrir les yeux. Les chiens tirent de tout leur saoul pour revenir à la maison afin de recevoir leur bonne pitance. 22 km de piste réalisés

 

30 décembre 2009

 

-30 degrés, je sors les chiens de la remorque et les abreuvent copieusement; Je rajoute de l'huile de pépin de raisin à leur ration pour les aider à refabriquer de la graisse. Cela les aidera à lutter contre le froid.

-32 maintenant, plus moyen de démarrer le motoneige. Je mets le recharge batterie et nous attendons une heure. Pendant ce temps là nous faisons un petit tour à pied dans le village, histoire de faire découvrir à Alain le site. Je n'avais pas encore vu ce genre de paysage neigeux ici. Je m'explique : la neige a été projetée latéralement sur toutes surfaces, maisons, arbres etc. Ainsi, une bonne couche de 20 cm est collée partout. Nous passons dans le vieux village, et cette fameuse neige lui confère un tout autre visage que je lui ai déjà connu dans le passé. Nous y croisons un coureur qui s'entraine pour le marathon. Il porte sur son visage un masque complet et un masque à gaz pour respirer afin de ne pas se geler les poumons. Notre tour a duré 1 heure, et nous l'avons croisé plusieurs fois.

De retour à notre chalet, nous essayons en vain de démarrer la motoneige. Cette fois ci, j'appelle Mr Grundstrom pour m'aider à la démarrer. Il n'y parvient non plus. Il me dit que le carburateur est gelé et qu’on ne s’en sortira pas. Il me donne un autre scooter, qu'il a bien du mal à allumer aussi. Moralité la journée canine est foutue. De toute façon il fait vraiment très froid. On a du mal de supporter ces températures cette fois ci. Il doit régner une sorte d'humidité inhabituelle qui nous colle à la peau. Repos pour tout le monde.

 

31 Décembre 2009

 

-21 degrés. Nous mettons une heure pour allumer la motoneige. Heureusement que j'avais pris une batterie de secours, elle nous a bien servi. Nous partons tôt car la route prévue est longue. Nous prenons la piste de la Kungsleden nord. Celle qui mène à Adolström. Quelques motoneigistes nous croisent. Nous voguons le long du lit du fleuve Vindelälven. Petit stop au refuge de Talludalen. Alain visite les lieux et découvre les WC juste derrière la maison. C'est plutôt comique de trouver ça là. Nous démarrons l'ascension. Les chiens peinent tant les patins ne glissent pas du tout. Je ne comprends pas pourquoi. Il va falloir que j'envisage de les changer en revenant à la maison. Nous sommes sur une route non déneigée qui amène au parc à rennes.  Les flocons commencent à tomber. De plus en plus au fur et à mesure que nous grimpons. Alain doit m'attendre car j'avance de plus en plus lentement. A vrai dire, au bout d'un petit moment, c'est moi qui prends la tête. Nous sommes les premiers à passer et je fais la trace. L'horizon est bouché et nous ne voyons pas les sommets blancs immaculés. Dommage pour Alain qui ne peut profiter du panorama.

Nous voici en plein milieu du parc aux rennes. C'est une grand parc de plusieurs dizaines d'hectares avec en son centre un cirque où sont parqués les animaux à partir du mois d'avril afin de procéder à l'abattage sélectif et au marquage. Cette technique a conservé ses traditions antiques. Les lapons attrapent les bêtes au lasso comme au moyen âge. Normalement ici, les rayons du soleil viennent nous lécher le visage. En effet comme nos astres ne se lève pas vraiment à cette époque, le seul moyen de le voir, c'est de monter en altitude. Aussi, le seul moyen de le voir c'est de franchir les 700 mètres. Or, aujourd'hui, nous ne voyons qu'à quelques encablures. Nous reprenons notre périple en tenant de monter le sommet blanc devant nous. Il nous suffit de suivre les croix rouges. Elles viennent juste d'être planté cet été. Elles semblent toutes neuves. Une croix tous les 50 m environs. Ainsi, on ne peut se perdre. Mais je sais par expérience que lors de blizzard, elles sont forts utiles. Voici déjà 25 km de fait et nous voici dans le grand blanc. Plus aucune végétation. Et comme les nuages rejoignent l'horizon, nous ne pouvons plus faire la différence entre le ciel et la terre. Nous sommes un point noir au milieu d'un énorme tableau blanc. Une petite pause sous un vent glacial, et nous voici reparti pour une descente infernale. 4 heures de traineau pour 40 km. Je n'ai pas fait un record, mais les chiens ont bien travaillé tout de même car les conditions étaient extrêmes.

Ce soir, pour le nouvel an, nous avons réservé le resto local. Un vrai établissement typiquement suédois. Nous sommes attablés tous ensembles, coté à cote, au milieu de la table des lapons du coin. Ils sont tous habillés en costume cravate, avec de petites chaussures. Nous, à coté, nous passons pour des sauvages car nous sommes en polaire et chaussures après ski. Mais, l'accueil est excellent et nous bavardons avec nos voisins. En général, ce sont des gens natifs d'Ammarnäs et qui viennent pour le fêtes revoir leur famille restées au bercail. C'était un buffet, où nous pouvons déguster toute sorte de spécialités locales. Génial pour un nouvel an original.

 

01 Janvier 2010

 

-16 degrés. Nous avons passé une bonne nuit après la fiesta d'hier terminée par un feu d'artifice géant dans toute la station. Au moins 7 ou 8 départ de feu partout. Les chiens ont dormi dehors pour la première fois. Il faut dire qu'ils ont abimé la remorque, Aussi pour éviter les dégâts futurs, je vais les laisser dehors. Il faut dire que les températures sont quasiment chaudes maintenant.

Ce matin, le projet est le lac Tjulträsk, propriété de Mr Bo, notre ancien propriétaire lapon. Ce lac est splendide, il est entouré d'un cirque de montagne. La piste pour y parvenir est cabossée. On est bien secoué dessus. Alain manie la motoneige avec excellence. Il passe au travers de toutes les difficultés, dévers, souches d'arbres, branches couchées au milieu de la piste. C'est le parcours du combattant version nordique. La piste est recouverte de poudreuse et de plus nous grimpons, c'est pourquoi je n'avance pas vite encore une fois. Nous arrivons sur le lac. J'aime cet endroit car la vue est magique. Nous sommes seuls à contempler le panorama. On dirait qu'il est pour nous tout seul. Le silence qui y règne nous donne des acouphènes dans les oreilles. Nous parvenons sur un site de pêche au trou. Les pistes de scooter y font demi tour. Aussi, nous ne voyons plus de traces à suivre et sommes obligés de rebrousser chemin. Nous n'osons pas traverser l'étendue d'eau. Dommage car les site est vraiment merveilleux.

Comme nous avons les deux motoneiges à dispositions, nous profitons de la situation pour faire une petite rando nocturne en direction de Bjorkfjället. Nous sillonnons au milieu des maisons du village, et empruntons toutes sortes de chemins dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Tout un groupe de motoneigiste s'est joint à nous pour ainsi préparer une bonne piste bien damée pour les chiens demain. C'est décidé, nous ferons ce tour là.

 

 

02 Janvier 2010

 

-30 degrés. J’ai laissé les chiens dormir dehors. A la météo ils avaient annoncé -19. Vite je me dépêche pour aller les voir. J'espère qu'ils vont bien. Ils dorment en boule, chacun à sa place. Je me suis laissé surprendre par les gars des prévisions à la télé. Si j'avais su je les aurais mis dans la remorque. Il faut dire qu'ici les prévisions ne sont jamais fiables. Aussi, Alain n'est pas partant pour le tour prévu de la veille. Il veut un plus petit tour. Qu'à ce la ne tienne.

Nous allons voguer en direction du lac Bertejaure, mais cette fois en le prenant à revers. Les chiens ont bien du mal de démarrer ce matin. Je leur mets des bottines à chacun. La ligne de trait est complètement gelée. J'ai bien du mal de réchauffer les mousquetons avec mon souffle. Ce soir je vais changer tout ça et mettre les fameux snaps suédois qui ne gèlent pas. J'aurai du faire ça depuis longtemps. Au moins quelque soit la température, on peut les ouvrir sans mettre 1 minute à chaque fois. Je m'en suis brulé les doigts. La traversée du grand lac devant le village est toujours aussi froide. Sur cette grande étendue il fait encore plus froid. J'ai mis mes grosses bottes pour affronter ces conditions, ainsi que ma doublure spéciale en dessous de la parka. J'ai l'air d'un bibendum, mais au moins je suis au chaud. Simplement le front et le menton sont gelés. Je dois rabattre la capuche le plus possible pour éviter les gelures. Les patins crissent et n'avancent pas du tout sur cette neige trop froide. La progression est lente. Les chiens peinent inutilement. Je dois pousser tout le temps. Alain note que sur le GPS, nous venons de monter 380 mètres d'altitude par rapport au départ. En 10 kilomètres ca fait déjà un beau dénivelé. Nous arrivons à un petit village de 5 à7 maisons inhabitées l'hiver. Au loin sur le lac Bertejaure, nous voyons des pêcheurs poser un filet au travers de plusieurs trous successifs. A raison d'un trou tous les 50 mètres environ, ça doit déjà faire une belle longueur, et beaucoup de poissons à récupérer. Il faut signaler que le poisson péché ici est le meilleur que j'ai jamais mangé. Sa chair fond littéralement dans la bouche comme peut le faire du foie gras par exemple. Cela ressemble à du saumon rose très tendre. C'est l'occasion d'une petite pose au milieu de ces maisons car la vue est merveilleuse. Autour du lac, nous pouvons apercevoir la chaine de montagne qui l'entoure. Nous ne voyons pas les sommets car la brume neigeuse les recouvre.

Le retour se fait beaucoup plus rapidement. Enfin les chiens prennent le galop. Il était temps. 24 km effectués.

 

03 Janvier 2010

 

-7 degrés. Quelle différence d'un seul coup. Nous avons de la chance car il fait beau. Aussi, nous décidons de partir sur la piste que nous avions explorée il ya 2 jours en motoneige. Direction la Kungsleden. Il faut monter sans cesse dans une poudreuse fraiche. Progression très lente. Parfois je dois marcher pour faire avancer le traineau. Alain nous ouvre la piste et assure que d'autres motoneigistes n'arrivent pas dans le sens contraire et pourraient faire une collision avec les chiens de tête. La voie est particulièrement étroite. A peine la largeur d'une motoneige. Au fur et à mesure de notre montée, le paysage devient incroyable. J'avais déjà souvent hésité de prendre cette piste sans jamais avoir osé y aller, mais je dois reconnaitre que j'avais tord. C'est de loin ce qu'il y a de plus beau à Ammarnäs. Nous arrivons sur le premier sommet blanc sans arbres. Nous nous arrêtons car après 10 km de montée j'en ai plein les bottes. Les traces s'arrêtent ici, et nous ne pouvons aller plus loin de peur d'enfoncer les patins du scooter dans la neige fraiche et de ne savoir en sortir comme nous en avons déjà connu maintes fois l'expérience depuis notre arrivée ici. Nous avons une vue sur le village et son lac. Et de l'autre coté une vue sur les cimes des montagnes. Une sorte de vallée alpine comparable à celle des Aravis. C'est vraiment splendide car nous sommes seuls à pouvoir connaitre cette expérience ici. 17 km effectués.

 

Petite rando nocturne. Ammarnäs by night. C'est rigolo de sillonner les maisons à la lueur des pleins phares de la motoneige. Il s'est mis à neiger. Et à vrai dire c'est de pire en pire. Nous faisons le plein d'essence car demain on ne sait jamais quelle distance on pourra faire. Maintenant, je propose à Alain de visiter le fabuleux magasin de souvenir du village. Nous nous y rendons à la lumière de notre lampe frontale. Nous arrivons dans une ferme. J'aperçois par la fenêtre un vieux couple et une adolescente en train de manger. Ils nous voient, et sortent dehors sur le palier de la maison. La dame me baragouine des mots en suédois. Le seul mot que je peux lui répondre c'est souveniren. Comme elle ne parle pas anglais c'est le seul moyen de se faire comprendre. Elle sait que je viens lui acheter des objets qu'elle vend dans sa boutique. Nous nous rendons au fond du jardin et une cabane de 3 mètres sur 3 fait office de magasin. De nombreux objets insolites sont disposés en vrac. On y trouve tout et n'importe quoi. Je trouve un petit élan avec une écharpe sur laquelle est gravé Ammarnäs. L'idéal pour dire de ramener un petit quelque chose en France. La dame nous l'emballe. Elle ne cesse de parler en suédois. On a beau lui dire qu'on ne comprend rien, elle continue. Pas moyen de la faire taire. Ce n’est pas grave, elle peut parler tant qu'elle veut, on n'ira pas la contredire. Nous faisons un petit détour vers la station de ski. Pas de chance l bar est fermé. On aurait bien été prendre un café mais il n'est ouvert que de 10 à 15 h. Bon, rentrons il neige vraiment trop fort.

 

04 Janvier 2010

 

-14 degrés. 15 cm de nouvelle neige. Je dois dégager le traineau et récupérer mes affaires enfouies sous la couche blanchâtre épaisse. Les chiens se sont couchés en boule et sont maintenant complètement recouvert. On dirait qu'ils ont été enterrés. Il n'y a plus aucune trace de piste tracée. Alain va devoir effectuer des talents de pisteur. Direction le refuge de rävfjället. 36 km aller retour. La piste est vraiment difficile pour les chiens car ils doivent patauger dans la poudreuse. Plus nous avançons plus la couche de neige est épaisse. Alain plante les patins de la motoneige plusieurs fois. Nous devons passer à chaque fois au moins 15 minutes pour dégager l'engin. C'est épuisant à chaque fois. Une fois encore nous voici enseveli, mais ce n’est pas important que d'habitude et nous n'arrivons plus à nous déblayer. Un bruit de motoneige au loin nous annonce l'arrivée d'un lapon. Bienheureux soit il, il va pouvoir nous aider. Il a dans son sac une pelle à neige et en 2 minutes nous voici repartis. Même pas 1 km plus loin rebelote puis 500 mètres. Nous sommes obligés de faire demi-tour à peine à 1 km avant l'arrivée. Mais vraiment pas moyen d'avancer. 36 km en tout en 4 heures 30. Vraiment dur !

 

05 Janvier 2010

 

-21 degrés. Beau temps. Dommage que le ciel reste blanc quelque soit la météo. En fait à cette latitude, le soleil ne se lève que quelques heures. Et à vrai dire, sur Ammarnäs, nous sommes dans une vallée encaissée, et il faut vraiment que le soleil soit haut dans le ciel pour ses rayons viennent sur nous. Or en janvier, l'astre reste bas et nous n'avons pas l'occasion de le voir sauf si nous montons au moins à 750 mètres d'altitude. Nous sommes environ à 400 m, et si nous suivons les pistes, cela mets un bon moment avant d'entrapercevoir ses rayons. Cette fois ci, nous prenons vers le sud sur la Kungsleden. Ce qui est bizarre, c’est que la rivière juste en face de chez nous commence à dégeler. Par endroit on voit l'eau couler. Il y a des failles dans la glace et nous devons passer dessus avec les scooters. Comme tout le monde y passe, il ne doit pas y avoir trop de danger d'y aller. Mais par moi même je n'y serais pas allé. La piste est la plus raide qu'il existe dans le coin. Je dois souvent marcher car les chiens ne peuvent me tirer. Alain s'éclate sur les bosses avec sa motoneige. Un véritable tape cul. Nous devons passer deux petits ponts de bois. Juste la largeur des patins du traîneau. Il faut bien viser car de plus c'est dans un virage. Un seul faux pas et c'est la chute dans la rivière gelée 2 mètres plus bas. Nous atteignons, les hauts sommets. La végétation a disparu et nous sommes au milieu du blanc total. On se croirait dans la vallée blanche à coté du Mont Blanc mais avec moins de dénivelé. Une dizaine de motoneigiste vient nous doubler. Nous suivons leur trace car ici plus rien ne nous indique la route à suivre, et nous n'osons pas nous aventurer dans la poudreuse de peur de s'y enfoncer avec le scooter. Nous avons déjà connu tant de difficultés pour le dégager que ça suffit. Les suédois qui viennent de passer s'amusent au loin sur un flanc de montagne à faire du saut avec leur engin. Donc notre piste ne mène à rien. C'est l'occasion de faire demi tour. La descente ressemble plus à une chute plutôt car du traineau. Mais nous arrivons sans encombres en bas.

Au moment de passer sous le petit pont en face du village, j’entends un véritable coup de fusil. Les chiens se retournent effrayés. C'est la glace qui vient de casser sous mes pieds. 16 km effectués

 

06 Janvier 2010

 

-28 degrés. Il fait froid. Je mets directement des bottines à tous les chiens, car je sais que sinon il va y avoir des bobos. Normalement, nous allons à l'aventure totale. Je cherche la piste qui mène à Laisvall, et depuis 6 ans que je viens ici, je ne l'ai encore trouvée. Il faut dire que cette année est la meilleure de toute car nous avons quelques traces laissées par des lapons résidents. Nous n'avons qu'à les suivre. Les autres années, nous étions les premiers à passer et nous devions aller au hasard et de plus comme il neigeait tout le temps, nous n'avions qu'une visibilité d'une centaine de mètres parfois. Aujourd'hui pas un seul nuage ne vient obscurcir le ciel. Il était prévu de prendre la piste juste derrière l'élevage de chevaux. Nous devions la prendre à rebrousse poil à partir du bout du lac. Malheureusement, une fois arrivés là, pas une seule trace. Aussi, nous allons suivre la route du lac Bertejaure comme à notre deuxième jour. Et là, nous prendrons toutes les pistes une par une afin de vérifier où elles amènent et espérer dénicher cette fameuse voie que je chercher depuis si longtemps. Quelques kilomètres avant d'arriver sur ce fabuleux lac, une grosse piste tourne à gauche. Nous allons la suivre. Elle nous mène sur un autre lac, plus petit. C'est encore une fois un cul de sac car nous arrivons sur une cabane de pêcheur. Encore un qui a mis un filet sous la glace car nous voyons des trous disséminés un peu partout. Demi tour. Nous reprenons la piste originale. Deuxième à gauche. Première fois que je prends par là. D'habitude nous continuions toujours tout droit. Et voilà, nous y sommes. La fameuse piste de Laisvall. Elle était bien cachée. Moi qui la cherchait beaucoup plus à l'ouest. Elle était là sous mes yeux depuis toujours. Bon, maintenant, il ne reste qu'à la suivre et monter vers les hauts plateaux. Effectivement, la montée n'est pas facile. De plus mon traineau ne glisse pas du tout. Il faut absolument que je change ces patins en rentrant  la maison. Nous arrivons enfin sur le plateau immaculé. Pas un arbre pas une brindille. Que du blanc à perte de vue. C'est magnifique. On se croirait au Groenland. Je passe devant Alain afin de tester Speedy mon chien de tête sur les commandements de direction alors qu'il n'y a plus de traces à suivre. A mon grand étonnement, il me répond. J'y arrive. Fantastique car c'est la première fois que je fais ça. D’habitude, je dois rebrousser chemin sur un plateau comme ça. Mais là, on peut continuer. Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons à coté 'une cabane de pêcheur au milieu de rien. Elle est entièrement recouverte de neige projetée sur ses murs. C'est magnifique. L'occasion de manger un morceau. Par contre j'avais emmené un thermos rempli d'eau. Il est gelé. Nous avons soif. Les chiens mangent la neige goulument. Il faut froid et heureusement qu'il n'y a pas un grain de vent sinon, ça peut tourner à l'insupportable ici. Quelques photos et nous prenons la route du retour. 36 km effectués.

 

 

 

 

 

 

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A
<br /> belle photo avec ce grand blanc on dirais l alaska<br /> <br /> <br />
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A
<br /> quelle belle photo on dirais un musher qui fait liditarod<br /> <br /> <br />
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